Dans la course de Guillaume PERETTI
Pour ceux qui ne le connaissent pas déjà. Guillaume PERETTI est un Traileur Corse et ambassadeur de notre marque. Il s’est lancé le défi, ce 10 mars dernier, de courir le marathon de Barcelone. Préparation, mental, anecdotes et conseils, Guillaume nous dit tout dans cette Interview exclusive pour Meltonic.
Comment as-tu attrapé le virus du running ?
Tout a commencé à la montagne avec mon père qui était un parapentiste. J’étais trop jeune pour faire du parapente, alors, je descendais la montagne en courant :rire: . Ensuite, j’ai fait ma première course à l'âge de 16 ans, un 38 km. Directement de la longue distance avec 2000 ou 25000 mètres de dénivelé, je crois. Je suis revenu après 7h30 dans un état pas possible ! Je ne me suis dit : « plus jamais ça ! ». Puis, j'ai continué comme il y avait une belle saison de trail qui arrivait.
Concernant le marathon de Barcelone, quelle préparation as-tu faite ?
Cette année je suis suivi par un entraîneur qui m’a fait un plan de préparation et qui s’est adapté à mes entraînements. C’était 3 séances clés : fractionné court (30/30, 200), allure marathon (sur 2,3,4 km jusqu'à une semi) et enfin des sorties longues pour travailler le foncier. De plus, il me laissait exercer ma passion. Cela me faisait des bonnes semaines avec 3 séances clés marathon puis le reste je faisais un peu ce que je voulais
Est-ce facile de concilier vie sportive et vie professionnelle ?
C’est assez compliqué arrivé à un certain niveau. Tu vois, quand j’ai préparé le GR20 ou les grandes courses. Je m’étais un peu arrêté de travailler et je faisais que ça. À un moment donné, si tu veux toucher le bon, voir le très bon niveau tu es obligé d'arrêter. Tu penses qu'à ça et tu as besoin de tes journées de repos. Mine de rien, même si tu as un boulot pas forcément physique, tu es lessivé. Après, moi, j’ai choisi de continuer à travailler car j’aime avoir un équilibre de ce côté-là, c’est un choix personnel.
En tant que trailer, qu’est-ce qui t’a plu sur le format marathon ?
Ce qui me plaît sur le format marathon c’est la notion de calcul. C'est vraiment des mathématiques et de la gestion de soi-même. C’est-à-dire qu’on peut calculer à la seconde ce qu’on peut faire et ce qu’on est capable de faire. Cependant, durant la course c’est complètement différent et la gestion de soi rentre en jeu pour performer.
Quelle était ta gestion de course sur le marathon de Barcelone ?
Moi j’avais bien compris que le premier semi était plus vallonné que le second. Je m’étais dit que je passerais le premier assez “en dedans” à une minute près. Finalement, j’ai fini ce premier semi assez rapidement, car c’était des montées/ descentes. Ensuite, jusqu’au 30ème ça s’est vraiment bien passé. Après, même si c'était plus plat, on s’est retrouvé vent de face au bord de la mer. Puis, les deux derniers kilomètres étaient une petite rampe. J’ai un peu accusé le coup, mais je n’ai pas craqué. Je me suis rendu compte que ma gestion de course était plutôt bonne, car au 10-12ème kilomètre j’étais 52ème et j’ai réussi à reprendre 20 places sur les 30 derniers km ! Tout le monde a craqué et moi je ramassais quoi ! :rire:
Ton passé de trailer t’a t-il aidé durant la course ?
Oui, c’est mon passé qui m’a aidé. D’ailleurs, j’ai une anecdote à ce propos. Pendant ta préparation tu te fais ta course dans la tête et tu dis « bon tu fais comme ça et pas autrement ! » sauf qu’à chaque fois sur la ligne de départ tu te retrouves avec des personnes que tu connais plus ou moins, que tu côtoies de temps en temps dans les trails. Et là-bas, il y avait une équipe de traileur que je connaissais vite fait. Et ils m’ont dit : « Ça serait cool que tu te mettes dans le groupe et tout ! ». J’ai dit : « non, moi le premier semi j’ai prévu tant ». Donc je m’explique et il me dit : « moi je connais le marathon ». Enfin, de suite, il essaye un peu de me retourner la tête. Et là, tu te retrouves tes plans complètement chamboulés à 2 min du départ. Donc c'est vrai que là-dessus mon passé m’a aidé car ça aurait été quelques années avant je serais surement allé avec eux, et j’aurais surement coincé comme ils l’ont fait. Car tout ce groupe-là, je les ai doublés à la fin. C’était une stratégie de leur part, mais ils n’ont pas forcément pensé au vent de face à la fin. Moi non plus d’ailleurs, mais finalement mon premier semi en dedans m’a permis de bien finir !
Pendant ta course quels sont tes petits secrets pour réaliser une telle performance ?
Mes petits secrets commencent avant la course. Deux jours avant la course, j’ai pris les boissons antioxydantes citron et menthe, que j’ai utilisées en boisson d’attente. Après, pendant la course, je tourne exclusivement aux gels et aux barres salées. C’est des produits qui me correspondent bien. Ah, mais si, j’ai pris également un gel coup de frais dès que j’ai commencé à courir pour partir en forme. Et pour la suite, j’ai pris deux fioles de gels salés.
Que mets-tu en place pour ta récupération après ton marathon ?
:rire: C’est un peu le truc que je néglige. Moi, enfaite, je pense qu’il faut du repos et du vrai repos. C’est-à-dire que tu ne fais rien ! Du lundi au vendredi, je n’ai absolument rien fait. J’ai beaucoup bu, j’ai essayé de manger normalement et de bien m’hydrater. Après 5 jours tranquilles, j’ai pris le vélo le vendredi soir et je me suis senti super bien. J’ai donc fait du vélo samedi et dimanche. C’est très bien revenu et je pense que je l’ai bien assimilé. Mais mon conseil c’est vraiment : repos complet, pendant 5 jours tu ne fais RIEN :rire: à part bien dormir bien manger et bien t’hydrater !
Qu’est ce que tu penses de l’expression : “80% mental et 20% physique” ?
80 ? Ça fait beaucoup 80% quand même :rire:. Si tu coupes la poire en deux 50-50 encore ! Moi je dirais que c’est 60% mental et 40% physique. Surtout sur les courses que je fais (longues distances). À partir d’une certaine distance, le mental joue beaucoup. Je pense que jusqu'à une vingtaine de km si tu ne gères pas trop ce n’est pas trop grave. Au-delà, surtout sur les ultras et les très longues distances, ton physique est prêt mais c’est surtout le mental qui fait la différence.
Tu penses à quoi pendant tes courses ?
Ça dépend, pour parler du marathon je pensais vraiment au chrono et à ma gestion de course. Après, dans les longues distances, tu penses à tout ce qui te passe par la tête et c’est surtout ton humeur qui te fait penser à une chose ou une autre. Moi, je suis pas mal dans l’émotion. C’est un combat continu entre les moments où tu es euphorique et ceux où tu es dans le dur. Et forcément tes performances vont avec ton état d’esprit.
Quels sont tes objectifs de l’année ?
Alors de l’année, écoute ! Là, je vais faire une course avec Vincent VIET. La ONE&1 au Run To Camp, c’est une course sur deux jours : le premier jour c’est 50 km et le second à peu près 30 km. C’est une course en équipe de deux qui aura lieu début avril. Après je fais la Maxi race en 42 km (Marathon race). Début juin, je fais un 45 km à Tahiti. Pour continuer la saison, au mois de juillet, j’ai monté un projet dans le but de faire une tentative de record à un sommet. Un 4100m, la barre des Écrins dans les Alpes. C’est un record qui est détenu par Mathéo JACQUEMOUD en 1h55. Je vais donc essayer de le battre. Et pour la petite histoire, j’y suis allé il y a quelques années. J’étais parti pour faire le sommet, mais je n’étais pas arrivé en haut et je m’étais dit qu’un jour je reviendrais en alliant performance et montagne ! Puis, pour clôturer l’année, je fais le trail du Bourbon : c’est un 100 km à la réunion. Voilà mon programme.
Concernant le GR20 est-ce que tu as prévu de reprendre le record ?
Non jamais ! Fin non, pas jamais ! :rire: Ce n’est pas du tout prévu. Pendant très longtemps j’ai dit : « plus jamais, c’est vraiment un parti de ma vie qui est passée. ». Après, c’est bête de dire « jamais ». Pourquoi pas un jour, je suis quand même assez jeune. Et peut-être qu’un jour ça me reviendra, mais en tout cas ce n’est pas du tout d’actualité.
As-tu des conseils pour une future marathonienne ? Un futur marathonien ?
Déjà c’est commencé par un semi. Et s’il/elle a déjà fait des semis, il faut qu’elle fasse une préparation assez correcte. Ce que tu remarques c’est que ce n’est pas le marathon en lui-même le plus difficile, mais c’est la préparation. Le marathon c’est la récompense de tous tes efforts, car la prépa marathon c’est quand même assez hard et je pense que c’est primordial si tu veux faire un marathon.
Merci pour ton temps Guillaume et tout l’équipe Meltonic te souhaite beaucoup de réussite dans tes futurs objectifs !
Propos recueillis par Clément le 20/03/19